mercredi 12 mars 2008

20 août: MAGNIFIQUE DAMARALAND

Départ au matin sur une Gravel Road. Nous allons traverser une région où nous devrions voir des éléphants et des rhinocéros. Je m’en étonne auprès de Jan car la végétation est très rare. Des cailloux, oui mais c’est tout. Je reste prudente sur nos chances de les apercevoir, je suis encore sur ma déception de la veille où nous n’avons pas vu l’ombre d’un éléphant du désert. Dieu sait pourtant que nous les avions bien notés dans nos objectifs lors de nos 2 mois de préparatifs. Et bien, ça ne marche pas comme ça, l’Afrique !



Nous voyons de drôles d’arbres appelés « bottle-tree » car leur tronc ressemble à une bouteille.






Attention, danger ! Cactus empoisonné ! Nous avons vu la tombe de17 autochtones qui sont morts pour avoir voulu faire un feu avec ces cactus.






Le paysage est magnifique, la nature a pris la couleur rouge. La piste va jouer à la montagne russe ; à chaque arrivée au sommet, nous nous demandons combien de fois encore nous allons descendre et remonter. Un seul petit arrêt dans un Lodge pour acheter le pique-nique. Fernand enrage : il a acheté des piles pour son appareil à photo dans un « magasin » en quittant Sesfontain – le magasin était une cahute avec 3 étagères de marchandises- et il se trouve que ces piles ne sont pas adaptées à l’appareil. De plus, il en a pris tout se suite 20 ! C’est Jan qui va faire des photos avec son propre appareil en attendant de trouver mieux.

Un spectacle à vous couper le souffle
Nous arrivons à Grootberg, montagne toute pierreuse et nous allons emprunter un chemin rocailleux pour rejoindre notre Lodge qui se trouve au sommet. Ce chemin monte à pic, j’ai mal pour cette pauvre voiture qui décidément, après avoir traversé des rivières, patiné dans le sable, dérapé dans le gravier, doit maintenant escalader la montagne. Heureusement, l’effort sera de courte durée car nous arrivons bientôt sur le plateau et au Grootberg Lodge.


L’accueil des propriétaires est comme pratiquement toujours sympathique; la dame est italienne. Nous traversons la réception et la salle de restaurant pour déboucher sur une terrasse. Là, le spectacle est à vous couper le souffle. Face à nous, s’ouvre un large canyon qui s’étend à perte de vue en faisant ici et là quelques méandres. J’ai l’impression d’être au bout du monde. Je crois que je pourrai rester des heures à ne rien faire d’autre que de contempler cette nature sauvage et impressionnante.



Une piscine à débordement surplombe le canyon. Nous nous offrons un instant de détente dans ce paradis. Et un bon Rockshandy pour se donner des forces !

Fernand s’extasie devant ce magnifique site de parapente orienté tous azimuts. Cela restera de l’ordre du rêve, vu les rochers, les épineux agressifs et éventuellement les dents de lion
(pas les fleurs) qui rendent l’atterrissage suicidaire tout au fond.
Et puis comment remonter, il n’y a même pas de sentier….
La Namibie n’est vraiment pas le pays idéal pour le parapente. J’ai pourtant essayé de le dissuader d’emmener sa voile…

Un jeune « kokerboom » ou arbre- carquois







Nous prenons possession de notre chambre dans un bungalow individuel à toit de chaume et murs de pierres. Meublée avec goût, une salle de bain toujours bien appréciée et une terrasse, le tout donnant directement sur le canyon. Splendide !


A la découverte des Himbas
Pas le temps de nous attarder au panorama, nous avons au programme une visite à rendre à une nouvelle tribu, celle des Himbas. Nous redescendons du haut de notre montagne, accompagné d’un jeune homme, d’origine moitié Himba, moitié Herero. Il nous aidera à trouver le village des Himbas et nous servira d’interprète. Nous empruntons alors un long chemin rocailleux. Inutile de préciser que nous ne rencontrons pas âme qui vive dans notre pérégrination. Ce chemin va en fait traverser de multiples fois le lit d’une même rivière. A chaque fois que nous descendons ou que nous ressortons de ce lit, j’ai l’impression que la voiture va se renverser sur les rochers qui le bordent. Nous nous arrêtons pour déjeuner de notre pique-nique à un endroit magnifique où l’eau a émergé dans la rivière bordée de grands palmiers.


Nous reprenons notre route mais bientôt Fernand demande s’il est possible qu’il continue sa route à pied car il a les jambes un peu rouillées – moi-aussi à vrai dire- mais ceci à condition qu’il n’y ait pas de risque de rencontrer un lion. Jan est d’accord : il faut qu’il continue à suivre la rivière jusqu’à ce qu’il arrive à un village. Je l’envie un peu mais à la fois je ne suis pas sûre que ce soit bien prudent.

Nous poursuivons donc notre chemin toujours en passant de droite à gauche de la rivière asséchée puis le passage devient plus étroit et à notre surprise nous apercevons un groupe de jeunes Himbas installés sur de gros rochers au bord de la rivière, à un endroit où l’eau affleure plus généreusement. Ils sont en train de faire sécher sur les rochers les couvertures qu’ils sont venus laver dans la rivière.


La question qui vient immédiatement se poser : pourquoi l’eau est-elle rouge ? Parce que les couvertures que l’on voit étalées au soleil ont été lavées dans cette eau. Mais pourquoi les couvertures étaient-elles rouges ? On le saura en lisant la suite du récit…


La conversation s’engage entre notre interprète et les jeunes filles qui sont accompagnées par quelques enfants. On leur explique que nous sommes venus leur rendre visite dans leur village. Nous leur proposons de les emmener avec nous. Les couvertures sont rapidement pliées et les jeunes grimpent sur le toit de la land-rover avec des cris de joies.


A ce moment, Fernand nous rejoint ; en fait, il a trouvé qu’il y avait quand même beaucoup de « dungs » d’éléphants (crottes) qui étaient encore bien fraîches. Il regardait bien autour de lui. Il décide toutefois de continuer à pied. Quelques instants plus tard, après avoir roulé dans les cailloux, nous arrivons au village, enfin plus exactement à …3 huttes. Les adultes sont partis avec leur troupeau pour trouver un lieu où ils peuvent nourrir leurs bêtes. Ils ont ainsi plusieurs villages qu’ils occupent en fonction de la saison et des possibilités de trouver de l’herbage pour leur troupeau. Mais les enfants ne les accompagnent pas et restent sous la surveillance des ainés.
On dit que les Himbas sont riches : ils possèdent des troupeaux de vaches qu’ils tuent à l’unité uniquement pour se nourrir et qu’ils vendent s’ils ont besoins d’acheter quelque chose. Mais ils continuent de vivre selon leurs traditions.

Restent donc dans le village une jeune femme mariée de 17 ans, une jeune fille de 16 ans, 2 petites filles et 3 garçons entre 8 et 14 ans. Nous leur offrons nos présents qui sont de la nourriture que nous avons achetée dans une épicerie locale : farine, sucre, sel, soupe en paquet, biscuits. Ce sont les meilleurs cadeaux que nous puissions leur faire, comme nous l’a expliqué notre accompagnateur-interprète car ce sont des choses utiles qui sont difficiles à obtenir du fait de leur éloignement.


Les filles sont « vêtues » d’une peau de bête coincée à la taille par une sorte de ceinture. Elles sont seins nus et portent autour du cou un gros collier ; de petits colliers ornent également leur cou ainsi que leurs poignets et leurs chevilles. Leur coiffure est aussi assez spéciale : des mèches sont constituées et rallongées par des cheveux d’autres personnes, enroulées depuis la racine jusqu’à 5 cm de l’extrémité, les derniers cm restent libres, ce qui donne de jolis pompons qui ballotent sur leurs épaules. Ces mèches sont enrobées d’une pâte rouge à l’aspect graisseux.



Les jeunes filles s’enduisent le corps 2 fois par jour d’un mélange de beurre et de poudre d’ocre qui vient du nord de la Namibie, le Kaokoland. Elles sont alors tout rouge de la tête aux pieds.
De ce fait, elles ne se lavent pas à l’eau pour ne pas enlever cette pâte qui sert à protéger leur peau du soleil et des moustiques .Il faut dire que leur peau, ainsi entretenue est superbe comme le souligne Fernand.
Bon, on ne va pas en faire un plat non plus, ces filles n’ont que 16 et 17 ans, donc c’est normal, non ?


Il ne faut pas croire pour autant qu’elles ne se lavent pas du tout. 2 fois par jour, elles posent sur une pierre creuse une braise et une plante spéciale qui va brûler et dégager une fumée odorante. Elles passent cette fumée sur leur corps : poitrine, aisselle et partie intime de leur personne.
Seules les femmes pratiquent cette tradition.



Cette pratique s’appelle la fumigation.





Autre tradition : pendant leur enfance, leurs parents leur arrachent 2 dents au milieu de la mâchoire inférieure afin qu’elles puissent bien chanter et en particulier mieux siffler des sons ! Pour arrêter le sang qui coule lors de l’opération, on leur applique un fer chaud sur la plaie. Elles nous disent que ça fait très mal. Nous les croyons volontiers, les pauvres !

Pendant ce temps, Fernand n’est toujours pas arrivé, pas plus que les garçons que Jan avaient lancés à sa recherche. Nous décidons de prendre la voiture pour partir le retrouver. Jan aperçoit les traces des chaussures de Fernand ; notre accompagnateur descend de la voiture et suit les traces pas à pas, comme le font les africains chassant le lion ! C’est ainsi que nous saurons que Fernand a d’abord visité un village vide sur lequel aboutissait notre chemin d’arrivée puis il a hésité sur la direction à poursuivre. Il a choisi d’aller à l’ouest. Pas de chance nous étions à l’est ! Nous le retrouvons enfin, entouré des jeunes garçons ; il n’est pas mécontent de nous voir !

Nous revenons au « village d’enfants «. Ils veulent me montrer quelque chose. Bien sûr, ce sont des bijoux qu’ils ont confectionnés et qu’ils veulent me vendre.



J’ai conservé le collier autour du cou jusqu’au retour au Lodge. Mon T-shirt qui était blanc à l’origine a changé de couleur ! Me voilà devenue une Himba !





Fernand a droit aussi à la photo. La jeune fille à gauche porte une coiffe sur la tête, une sorte de panty en peau de bête attachée à l’envers sur se tête ; ceci veut dire qu’elle est mariée. Fernand lui a fait la bise après la photo, Jan a protesté mais pas la jeune fille !

On aperçoit à l’arrière une des huttes du village. Elles sont faites, en ce qui concerne les murs, de bouses de vaches séchées mélangées à de la boue et le toit est en bois et en chaume. A l’intérieur, il y a …rien. Le sol est en terre battue, un sac est suspendu sur un côté, contenant quelques maigres affaires. Les Himbas couchent par terre sur une peau de bête et se recouvrent d’une couverture. On a compris maintenant pourquoi l’eau de la rivière était rouge : les couvertures prennent la couleur du produit dont s’enduisent les femmes.

Nous quittons cette tribu très différente de celle des Bushmen avec un sentiment mitigé. Nous n’en avons vu qu’un échantillon si je puis dire, les adultes étant absents et nous ne sommes pas restés aussi longtemps près d’eux. Quel dommage que nous n’ayons pas pu échanger avec les 2 jeunes femmes, savoir ce qu’elles pensent de leur vie et aussi de nous qui venons les voir Mais nous avons eu à nouveau un aperçu des traditions qui perdurent. En fait, l’existence même de ces tribus si loin de notre civilisation laisse perplexe et lorsque nous revenons chez nous, nous nous demandons si nous n’avons pas rêvé tout ceci.
De retour au Grootberg Lodge, nous nous délectons d’un Rockshandy glacé et d’une bonne douche pour enlever la poussière et …les rougeurs dont nous sommes tatouées.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil