dimanche 16 mars 2008

14 août: A LA CHASSE AU PORC-EPIC


Dès le lever, je ne sais pas pourquoi mais je sens que ça va être Ma Journée. Un jeune Bushman vient à 6 h du matin nous dire un petit bonjour et déposer devant la tente une tasse de thé. Après une toilette rapide et un petit déjeuner sympathique, nous voici prêts pour le départ à la chasse.

Arnaud, le gérant du camp nous emmène Jan, Fernand, 4 Bushmen et moi dans son 4X4 ; au bout d’une dizaine de km, nous descendons de voiture et commençons notre marche à pied. Déjà là, je suis ravie de me dégourdir les jambes. Nous arrivons rapidement à une mare où les 4 Bushmen se livrent à un examen sérieux des traces qui les amènera à choisir leur future proie parmi les traces les plus récentes. Ce sera un porc-épic dont ils sont très friands.

Perche à crochet







Flèche en 2 parties : l’extrémité, hormis la pointe métallique, est empoisonnée et reste dans l’animal jusqu’à ce qu’il meurt

Nous suivons les Bushmen qui sont habillés, si je puis dire, de leur fameux string, et qui portent les seules armes de chasse qui leur soient autorisées : un étui contenant 1 arc, des flèches, une hache, un bâton et une houe. Tous portent une longue perche de 6 m, faite en 3 morceaux reliés par des tendons de koudou, et terminée par un crochet. Cette arme leur permet d’attraper des animaux de petite taille cachés au fond d’un trou. C’est à condition de n’utiliser que leurs armes traditionnelles qu’ils peuvent se livrer à la chasse et ne pas être considérés comme braconniers. Excellente réglementation .Pour rien au monde ces chasseurs nés ne renonceraient à la chasse… et par voie de conséquence préservent leur mode de vie.

Les Bushmen avancent en scrutant le sol pour chercher les traces du porc-épic. Ils nous montrent au passage les crottes d’un éléphant, celles d’un lion, les crottes de koudou. En mon fort intérieur, je me dis qu’il faudrait bien qu’on arrive à voir au moins 1 animal, car je n’aurai pas l’air malin en rentrant chez nous si je n’ai que des histoires de crottes à raconter !




Nos chasseurs identifient en fait la présence de toute une famille de porc-épic. Ils contournent des buissons, reviennent sur leur pas, retrouvent les traces. Voilà 2 heures que nous marchons sous un soleil de plomb, une trentaine de degrés, il fait soif, et toujours pas de gibier à l’horizon. Enfin, nous les voyons s’agiter, se concerter : ils viennent de découvrir le terrier.

Enfin ! Le terrier est placé sous un arbre et comporte 2 orifices qui permet aux animaux de se réserver une sortie de secours. Un Bushman élargit un peu un des orifices et sous nos yeux ébahis, s’introduit dans le trou jusqu’à ce qu’on ne voit plus que ses chevilles En ce qui nous concerne, nous aurions eu du mal à passer les épaules ! Avec un bâton, il ausculte le sous-terrain et s’aperçoit qu’il y a une véritable galerie qui part dans tous les sens.











Difficile dans ces conditions d’atteindre le ou les porcs-épics. Ils décident alors de creuser un trou au dessus de la galerie. Nos amis se mettent au travail : à tour de rôle, ils creusent la terre avec leur houe et évacuent la terre … avec leurs mains. Ce trou va atteindre une profondeur de 1 m sur 1. Nous autres, nous les regardons et dégoulinons de chaleur sous le soleil de midi, alors que nous ne faisons rien. J’ai un peu honte mais tout le monde a l’air de trouver ça naturel. En fin de compte, ils décident d’arrêter pour aujourd’hui et de revenir le lendemain. Parfois, nous dit-on, ils mettent 4 jours pour arriver à atteindre leur proie.
Nous sommes déçus de ne pas avoir vu les porcs-épics mais soulagés pour leur sort.

Il est 12 h 30 et nous reprenons le chemin du retour. Arnaud nous prévient que les Bushmen marchent très vite, bien plus vite que nous et que bien des visiteurs ont du mal à les suivre. Je décide donc de me placer derrière le Bushman en tête de file et de placer mes pas dans les siens Ah ! mais on va bien voir si je n’arrive pas à suivre ! Il se trouve que c’est le Bushman qui a les fesses les plus rebondies et que placée comme je suis, j’ai pleine vue sur elles !


Arnaud, Jan et Fernand rigolent, me demandent si la vue est belle. Ils peuvent toujours rigoler, moi, j’avance sans me laisser distancer pendant les 2 heures que va durer cette marche cadencée. J’avoue quand même être soulagée d’apercevoir le 4X4.

Après un solide déjeuner, appétissant, nous retrouvons nos amis Bushmen avec lesquels nous repartons dans le bush pour un « stage pratique ». Ils vont là nous montrer comment ils se confectionnent de la ficelle, sans aller au bazar du coin. Ils prennent une feuille ressemblant à de l’agave, enlèvent toute la pulpe pour n’en conserver que les fibres. Celles –ci sont alors roulées à même leurs cuisses, épilation garantie, jusqu’à ce que cela forme la ficelle telle que celle que nous utilisons chez nous pour faire des attaches.

Cette ficelle va en particulier leur servir à faire des pièges pour des animaux de petite taille. A l’intérieur du cercle constitué par la ficelle et des petits morceaux de bois, ils mettent un appât .La ficelle est reliée à une baguette en bois qui va colleter le cou de l’oiseau lorsque celui- ci mange l’appât. Mon explication n’est peut être pas très claire mais en tout cas, je peux vous garantir que ça marche. J’ai moi-même testé le piège avec mon doigt, alors ! Et
j’ai même construit le piège sous la haute direction d’un Bushman et je n’en ai pas été peu fière !













Trop tard !la mangouste est arrivée en 1er pour dévorer la pauvre guinea- fowl (pintade) prise au piège.


Fernand, de son côté, a appris à faire du feu sans briquet en faisant tourner rapidement entre ses mains une baguette appuyée sur un autre bout de bois. La chaleur dégagée par le frottement enflamme rapidement une espèce de sciure emportée par eux et déposée à l’emplacement du frottement.


Enfin, nous avons vu comment les Bushmen font pour se désaltérer pendant la saison sèche. Ils connaissent des plantes dont on ne voit que quelques feuilles misérables mais qui ont un énorme tubercule de la taille d’un pamplemousse.
Ils le nettoient sommairement, râpent la pulpe puis la pressent entre leurs doigts : le jus coule le long de leur pouce qu’ils portent alors à leur bouche assoiffée.


Cette journée m’a littéralement enchantée, même si nous n’avons pas vu d’animaux. La nature, le contact et la découverte du savoir-faire des Bushmen, leur simplicité, tout était réuni pour en faire un moment inoubliable.

Nous nous étions proposés d’apporter nos cadeaux le soir au village mais nos 4 Bushmen ont souhaité les recevoir lors du retour du bush. Un coup de canif à leur sens du partage avec la communauté.

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